jeudi 19 juillet 2007

un entretien avec Mr. ministre de l'Industrie et du Commerce du maroc

Rachid Talbi El Alami est catégorique. Pour le nouveau ministre de l'Industrie, du Commerce et des télécommunications, le processus de la mise à niveau de l'économie marocaine est, bel et bien, sur les rails.
Maroc Hebdo International : Où en est la mise à niveau du tissu industriel marocain ?
Rachid T. Alami: Permettez-moi, d'abord, de faire une petite remarque: la mise à niveau, suscitée par la signature de l’Accord d’Association du Maroc avec l’Union Européenne, n’est qu’une suite logique à la politique d’ouverture et d’amélioration de la compétitivité de l’économie marocaine, menée, du reste, depuis le début de la décennie 80. De plus, un tel choix témoigne du désir du Gouvernement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, d’ancrer définitivement l’économie marocaine à l’économie mondiale, et de sa volonté d’ériger le Royaume, en tant que partenaire actif dans une zone de compétitivité internationale.
MHI: Mais quelles sont les actions, entreprises ou prévues pour concrétiser cette orientation?
Rachid T. Alami: Elles sont multiples et variées. Je signale le renforcement de l’infrastructure de base. Ce programme consiste à mettre en place une infrastructure d’accueil industrielle moderne et adaptée à l’implantation, voire à la délocalisation, des projets industriels, dès lors que l’indisponibilité d’une infrastructure de qualité et à des prix compétitifs constituait l’un des principaux handicap à l’acte d’investir. Il y a également le renforcement de l’infrastructure technologique. Cette opération nécessitant un montant global de près de 300 MDH, dont près de la moitié prise en charge par le Maroc, est en cours de mise en œuvre afin de permettre aux entreprises de répondre aux exigences internationales en matière de normes et de qualité et d’être à l’écoute des évolutions technologiques. Puis, le Renforcement des Associations Professionnelles, la Mise en place d’un mécanisme de financement en faveur notamment PME/PMI, l'assistance technique aux entreprises et le Développement de la Formation Professionnelle. Notre département œuvre pour la mise en place d’un Fonds National de Mise à Niveau, qui devra consolider les efforts entrepris à ce jour en matière d’appui direct aux PME/PMI, tout en contribuant au financement des investissements matériels et immatériels qui concourent à l’amélioration de leur compétitivité.
L’Agence Nationale pour la Promotion de la PME, a été créée en novembre 2002, et aura pour mission, outre le soutien à la création des PME, l’assistance des entreprises dans leurs efforts de mise à niveau et de développement.
MHI: Alors que le Maroc a opté pour les centres régionaux d'investissement, peut-on dire que le pays est suffisamment doté de zones industrielles?
Rachid T. Alami: Les zones industrielles constituent justement l’un des facteurs les plus déterminants dans l'attraction et la mobilisation de l'investissement productif et toute carence qualitative ou quantitative de cette infrastructure infléchit directement l'élan de l'investissement.
C’est pourquoi, le Maroc a initié dès la fin des années 70, son premier chantier d'infrastructures d'accueil industrielles, connu sous le nom générique de Programme National des Zones Industrielles (PNAZI).Ce Programme a contribué pour une large part à la relance de l'investissement industriel, et à sa régionalisation, dans la mesure où il a permis la réalisation de 65 zones sur une superficie totale de l’ordre de 2.800 ha.
MHI: Que faites-vous pour relancer cet effort?
Rachid T. Alami: notre département a conçu et mis en œuvre une vision rénovée et innovante pour l'aménagement et la gestion des infrastructures d'accueil industrielles. L'originalité de cette nouvelle approche se perçoit à quatre niveaux:le partenariat entre des professionnels publics et privés; la mise à disposition des investisseurs de l'ensemble des services d’accompagnement; la diversification de l'offre et son adaptation aux besoins spécifiques de l'investisseur; la contribution de l’Etat au financement des infrastructures d’accueil, instaurée dans le cadre du plan quinquennal 2000– 2004, qui s’est renforcée depuis 2000, par le précieux soutien du Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social.
Ainsi, de zones industrielles classiques l'offre s'est progressivement améliorée et diversifiée pour s'adapter à la demande et se décline actuellement en une palette de produits à savoir: les Zones Franches d'Exportation, les Parcs Industriels, les Zones Industrielles, les Zones d'Activités Economiques et les Pépinières d'Entreprises. L’offre, ainsi dégagée est d’environ 2600 ha et concerne l’ensemble des régions du Royaume.
MHI: Un important constructeur automobile, en l'occurrence Fiat Auto Maroc menace de mettre la clé sous la paillasson. Que faites-vous pour l'en dissuader?
Rachid T. Alami : Avec Fiat Auto S.p.A, des discussions sont en cours avec ce dernier au sujet du renouvellement de sa convention avec l’Etat qui arrivera à terme le 30 juin 2003.
A l’issue de ces discussions, la société a présenté à ce Département en date du 11 novembre 2002 son business plan 2003-2008 à travers lequel elle a émis certaines suggestions pour le renouvellement de l’accord Etat/Fiat auto S.p.A.
Pour avancer dans les discussions, une commission technique, composée de responsables de ce Département et ceux de la société FAM, a été créée en vue d’examiner les différents points dudit business plan. Laquelle commission s’est réunie le 16 décembre 2002 pour examiner lesdites suggestions et au terme de laquelle les parties se sont mises d’accord sur les principaux points à examiner pour préparer le projet de renouvellement de la convention Etat/Fiat. Une réunion est prévue incessamment pour continuer les discussions, sachant que le ministère de l’Industrie veille à ce que le renouvellement se fasse de manière à assurer une pérennisation de cette activité industrielle au Maroc.
MHI: Quels sont à vos yeux, les avantages que le Maroc pourrait tirer d’une zone de libre échange avec les Etats Unis?
Rachid T. Alami: Ce projet d’accord de libre échange avec les Etats Unis d’Amérique est une opportunité que le Maroc devrait saisir. En effet, cette ouverture lui permettra de diversifier ses débouchés, dans la mesure où c’est un marché de plus de 300 millions de consommateurs qui s’ouvre aux exportateurs marocains.
Cette perspective permettra aussi une meilleure pratique des prix réels à l’exportation au Maroc, ce qui évitera la conversion des droits de douane démantelés en marge supplémentaire de gain. D’un autre côté, cet accord offrira au Maroc une grande opportunité à saisir en termes d’investissements étrangers à drainer.
En effet, les investisseurs américains voudraient bénéficier des conditions de production à moindre coût offertes par le Maroc pour exporter vers le marché américain en franchise de droit de douane.
En outre le Maroc pourrait jouer en faisant valoir cet accord, le rôle d’une plate -forme de transformation et d’exportation pour les entreprises ne pouvant pas accéder au marché américain à des conditions préférentielles.
MHI: Votre Ministère est-il associé aux négociations en cours pour la mise en place d’une telle zone ?
Rachid T. Alami: Oui.

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