jeudi 19 juillet 2007

«Beaucoup de Marocains croient encore trouver l'eldorado là-bas»,

«Beaucoup de Marocains croient encore trouver l'eldorado là-bas», soupire Mohammed Maz, jeune ingénieur au ministère du Tourisme, le bras tendu en direction du nord. Là-bas, c'est la côte espagnole et le rêve - ou l'illusion - d'un avenir meilleur. Ici, c'est le cap Spartel, promontoire rocheux couronné d'eucalyptus et de pins au pied duquel les eaux de l'Atlantique se mêlent à celles de la Méditerranée. En cette fin du mois d'août, on avance au ralenti sur la route à deux voies toute proche. L'heure du retour a sonné pour les «MRE», les Marocains résidents à l'étranger. Direction Tanger et les blancs ferries qui rallient Algésiras.
Sur le bas-côté, les gamins regardent, mi-rigolards, mi-fascinés, la procession de vieilles camionnettes, de monospaces de toutes marques et de Mercedes, certaines flambant neuves. Les plaques d'immatriculation sont françaises, souvent, belges, allemandes, néerlandaises ou italiennes, parfois. Les coffres, galeries et remorques sont bourrés à craquer. Noureddine, ex-chauffeur dans le privé et heureux fonctionnaire depuis quinze ans, promène l'oeil du connaisseur sur les marques et les modèles qui défilent. «On peut gagner de l'argent là-bas. Ici, c'est plus dur», lâche-t-il. Là-bas, encore. Au Maroc, l'envie d'ailleurs qui taraude les plus pauvres comme les plus diplômés n'est plus taboue. Fouad Zaim, conseiller économique du Premier ministre, Driss Jettou, le reconnaît sans ambages: «Notre pays est engagé dans une course contre la montre au développement économique et social. Nos problèmes sont considérables, comme en témoignent les pateras», ces embarcations sur lesquelles s'entassent les candidats à l'émigration clandestine pour franchir, au péril de leur vie, les 15 kilomètres du détroit de Gibraltar.

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