Depuis les attentats qui ont ébranlé Casablanca le 16 mai, le Maroc n'est plus tout à fait le même. «L'onde de choc a été considérable dans l'opinion publique, estime Jean-Marie Schmitz, patron de la filiale marocaine du groupe Lafarge, n° 1 mondial des matériaux de construction. Des sujets soigneusement occultés jusque-là ont commencé à être abordés, comme l'émigration, la misère et l'existence de bidonvilles, terreau de l'intégrisme islamiste.»
Gifle», «électrochoc», «prise de conscience», «réveil», voire «choc salutaire» pour certains, le «seize-mai», comme les Américains disent «nine-eleven» en référence au 11 septembre 2001, a brisé le fantasme de l' «exception marocaine». «On pensait que la menace islamiste ne nous concernait pas, que les Marocains continueraient à accepter sans contestation violente l'inégale répartition des richesses, explique Dounia Taarji, jeune présidente du Conseil déontologique des valeurs mobilières, le gendarme de la Bourse. Ceux qui disaient le contraire passaient pour des pessimistes ou, pis, pour des ennemis de la nation.»
La petite élite politique et économique qui dirige le pays le jure la main sur le cœur: le royaume chérifien ne se voile plus la face. «Il faut agir vite si on ne veut pas avoir d'autres 16 mai», s'alarme même Jamal Belharach, patron de la filiale marocaine de Manpower. De fait, hauts fonctionnaires et chefs d'entreprise analysent sans complaisance les maux qui accablent leur pays et les périls qui hypothèquent son futur: le chômage, ferment du désespoir, qui frappe 37% des jeunes urbains âgés de 15 à 24 ans; l'analphabétisme, en recul constant mais trop lent; l'insuffisance de la croissance économique (3 à 4% attendus cette année par les analystes du Crédit agricole Indosuez), qui fait du yo-yo au gré des aléas de la production céréalière, donc des caprices du ciel.A côté de la masse des miséreux, une poignée de nantis mène grand train. Parfois, le dénuement côtoie l'opulence. Ou la surplombe. A Rabat, la route qui mène au bidonville d'Akreuch longe de somptueuses villas nichées au creux de jardins luxuriants, avant de plonger vers les rives puantes de l'oued Bou-Regreg, où s'entassent les taudis de tôles ondulées et de parpaings, au milieu des immondices. Fouad Zaim: «Nos agglomérations sont entourées de ceintures périurbaines dans lesquelles s'exhibent nos déficits sociaux. Cette fracture entre urbain et périurbain est devenue plus importante que celle qui divise les villes et les campagnes.»
jeudi 19 juillet 2007
Depuis les attentats du Casablanca le 16 mai, le Maroc n'est plus le même
Catégorie : Economie du Maroc, la mise a niveau de l'économie du Maroc
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