La frilosité des chefs d'entreprise en dit long, aussi, sur le manque de confiance des Marocains en leur patrie. «Il n'y a pas encore eu le déclic qui les pousserait à investir dans leur pays, simplement parce qu'ils croiraient en son avenir», décrypte Jean-Marie Schmitz. Sans investissements productifs, pas de forte croissance. Et sans croissance dynamique, pas de création d'emplois à la mesure des besoins... Seul l'immobilier, objet de toutes les spéculations, fait un malheur. Auprès des Marocains de l'étranger, notamment, qui réalisent 83% de leurs placements dans la pierre.
Autre reflet de cette méfiance viscérale, le poids du secteur dit «informel» ne décroît pas. Au contraire. «L'immense partie du tissu économique qui échappe à toute loi fiscale et sociale est plus importante qu'il y a cinq ans», évalue Nadia Salah. Autant de salariés privés de toute protection sociale. Et autant de précieuses ressources qui échappent au budget de l'Etat, au détriment de sa capacité d'investissement. Une fatalité? «Non, à condition de moraliser la vie publique, tranche Saloua Karkri-Belkeziz, fondatrice de l'Association des femmes chefs d'entreprise du Maroc. Les entrepreneurs ne rechigneraient pas à payer des impôts si l'argent public était bien géré et bien employé.»
C'est loin d'être le cas dans l'éducation, talon d'Achille du Maroc. «L'Etat consacre 230 € par an à la scolarisation d'un enfant. Nous, cela nous coûte 70 €», pointe le publicitaire Noureddine Ayouch, président de la fondation Zakoura, spécialisée dans la distribution de microcrédits, l'éducation non formelle et l'alphabétisation. Coupable, selon lui: «la bureaucratie et une administration pléthorique». Ayouch est un homme en colère. «L'éducation et la lutte contre l'analphabétisme, pierres angulaires du développement, devraient être des priorités, élevées au rang d'investissement pour l'avenir! Or, on en est loin...» Pour Rachid Benyakhlef, l'explication est aussi simple que cruelle: «La conscience que l'élite économique et politique a des souffrances du Maroc des bidonvilles et des quartiers populaires est purement intellectuelle. Ce n'est pas la conscience du cœur. Au fond, l'élite ne sait pas comment faire pour réinvestir le champ social et idéologique.» Un constat lourd de dangers.
jeudi 19 juillet 2007
La frilosité des chefs d'entreprise sur le manque de confiance des Marocains
Catégorie : Economie du Maroc, la mise a niveau de l'économie du Maroc
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