jeudi 19 juillet 2007

La méritocratie n'est pas le point fort de la société marocaine

La méritocratie n'est pas le point fort de la société marocaine. «La transition sera difficile, estime Naceureddine El Afrite, patron du groupe de presse Caractères, qui édite notamment La Vie économique et Femmes du Maroc. Longtemps, on a octroyé à ceux que l'on voulait récompenser licences de pêche ou d'importation, agréments de chauffeur de taxi ou de car, fermes et emplacements au marché de gros de légumes de Casablanca. Résultat, on a créé une économie de rente. Or la rente s'oppose au mérite.»

Elle fait également mauvais ménage avec la prise de risque et l'esprit d'entreprise. Nombreux sont les patrons de PME promus entrepreneurs par la grâce de la «marocanisation» des affaires, dans les années 1970, qui y restent profondément allergiques. «Dans une économie opaque fondée sur des monopoles de fait, ces dirigeants n'ont pas eu besoin de développer des compétences de managers et de stratèges», observe Dounia Taarji. Ils n'y ont pas été poussés non plus par la taille réduite du marché chérifien, faute de zone de libre-échange maghrébine et de pouvoir d'achat mieux distribué.

Les temps ont beau changer, les jeunes managers rompus aux méthodes de gestion occidentales ont beau prendre un à un les leviers du pouvoir économique, trop rares sont les PME qui saisissent leur avenir à bras-le-corps. «Beaucoup vivotent en attendant 2010, sans vision, sans stratégie, déplore Nadia Fettah Alaoui, directrice associée du fonds d'investissement MarocInvest. Et surtout, elles n'investissent pas.» C'est que la transparence n'est pas inscrite, non plus, dans le patrimoine génétique des entreprises marocaines, familiales pour l'essentiel. «Elles préfèrent rester seules plutôt que de nous ouvrir leurs portes et leurs livres de comptes, poursuit Nadia Fettah Alaoui. Plutôt que de devoir, également, vendre exclusivement sur facture, acquitter la TVA et déclarer l'intégralité de leur chiffre d'affaires...» Bilan: MarocInvest ne compte qu'une dizaine de PME en portefeuille, après en avoir rencontré près de 300 en trois ans.

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