Les chiffres sont éloquents et ne s'autorisent pas de ruses. 4,5 % en 2002 et 5,5% pour l'année en cours. Décidément l'économie marocaine semble vivre en ce début 2003 l'une de ses plus réelles embellies. En dépit des bruits de bottes et des proclamations alarmantes sur la prochaine guerre en Irak, les principaux indicateurs ne sont pas seulement au vert mais prometteurs d'une conjoncture encore plus favorable.
Ceux qui fournissent ces chiffres officiellement ne sont pas les habitués des proclamations vertueuses, ni non plus les experts rompus à la tâche pour ne pas dire à l'exercice de saupoudrage, ou même des membres du gouvernement. Ce sont les dirigeants du Fonds monétaire international (F.M.I.)qui nous les donnent ex abrupto. Il s'agit de George T. Abed, directeur du département du Moyen-Orient et Mohamed Dairi, administrateur suppléant du F.M.I.
A l'issue de la mission de consultation qu'elle vient d'effectuer au Maroc du 15 au 30 janvier,la délégation du Fonds monétaire international ne cache pas sa satisfaction au regard de ce que ses membres qualifient de «performance». Quand bien même le terme prêterait à quelque perplexité au moment où une récession rampante de l'économie mondiale menace tous les Etats, la réalité est là. Et les responsables de l'institution financière mondiale n'en démordent pas.Ils ont rencontré le Premier ministre, M. Driss Jettou, le ministre des Finances et de la Privatisation, Fathallah Oualalou, plusieurs autres ministres, dont ceux de la modernisation des secteurs publiques, celui de la mise à niveau de l'économie ainsi que le gouverneur de Bank-al-Maghrib. Ils se sont également entretenus avec les dirigeants du secteur financier et bancaire et, nouveauté pour cette année, avec des syndicats nationaux et des ONG...
Membre du Fonds monétaire international depuis avril 1957, honorant aujourd'hui sa quote-part à hauteur de 588,2 millions de DTS, soit 776 millions de dollars, correspondant à quelque 0,3% du capital, le Royaume du Maroc a instauré depuis toujours une coopération avec l'institution mondiale, à l'égard de laquelle les dirigeants de cette dernière ne tarissent pas d'éloges.
Le F.M.I. a accordé au Maroc entre 1980 et 1982 quelque 2 milliards de dollars, correspondant à la période du Programme d'ajustement structurel (PAS),marqué par un effort laborieux pour sortir de l'ornière de la sécheresse et de la baisse du taux de croissance. Ses responsables soulignent, en effet, que «l'appui du F.M.I. a permis au Maroc de renégocier sa dette extérieure avec les pays créanciers (Club de Paris) et les banques internationales (Club de Londres).
«La conjugaison d'une politique de rigueur et d'une stratégie où prédominait surtout le souci de sauvegarder les équilibres macro-économiques, a produit ses fruits. Aujourd'hui, M. George Abed peut se féliciter que le Maroc ait traversé en grande partie la zone des tempêtes et annoncer «une nette amélioration de la confiance dans les perspectives de l'économie marocaine et une volonté de ses dirigeants d'intensifier les réformes économiques».Le prolongement de ce constat déjà encourageant sur l'époque est un satisfecit proclamé aujourd'hui:»
La mission ( du F.M.I.) a noté avec satisfaction la bonne performance de l'économie marocaine en 2002. En effet, la croissance réelle s'est établie à 4,5% tirée en partie par une hausse de la production agricole et un dynamisme accru des secteurs non agricoles. L'équilibre extérieur a été renforcé avec une augmentation du stock de réserve de change. L'inflation de 2,8% en 2002 est restée modérée et le déficit des finances publiques a été réduit de façon significative».
Les chiffres, là encore, témoignent d'une tendance exponentielle où les facteurs essentiels se conjuguent pour conforter une situation marquée par une remarquable stabilité institutionnelle. La politique monétaire et de change, la mise en œuvre d'une exécution rigoureuse du budget ont contribué «à la stabilité macro-économique», a annoncé George Abed qui, enthousiasmé mais vigilant, a indiqué que dans la foulée «la croissance pourrait atteindre 5,5% si les conditions climatiques favorables enregistrées en ce début d'année persistent et l'inflation devait rester modérée «.La pluviométrie jouant un rôle déterminant, il convient de noter qu'elle est aujourd'hui un critère significatif de relance, alors qu'il n'y a pas si longtemps encore, par défaut, quelques bons esprits croyaient invoquer la dimension fatale de la sécheresse et suggéraient, ce faisant, une autre politique de développement qui ne tienne nullement compte de la pluie, mais qui prenne en charge, en revanche, le paramètre de la sécheresse structurelle présenté comme la caractéristique essentielle du développement durable...
Les experts du F.M.I. ne l'entendent pas, bien entendu, de cette oreille. Orthodoxes jusqu'au bout des ongles, ils privilégient le facteur naturel et, pour le Maroc, ils rappellent une donnée historique fondamentale. L'agriculture reste donc le pilier incontournable de la croissance au Maroc, elle est à l'économie nationale ce que le pilier central est à l'architecture d'un édifice. C'est sur elle que se fonde et se justifie tout optimisme. Le développement non agricole pourrait-il compenser le manque à gagner si, d'aventure, l'agriculture venait à nous faire défaut ? Pour les experts du Fonds monétaire international, il existe «un regain de confiance des opérateurs qui pourrait se traduire par une augmentation de l'investissement et une détermination des autorités à poursuivre la consolidation budgétaire et les réformes structurelles».
A ce tableau rose, répondent tout de même quelques signaux sombres, clignotants rouges et sémaphores indicibles mais persistants: le chômage et la pauvreté. Non qu'ils soient insurmontables ou difficiles à cerner. Mais ils constituent, de nos jours, un défi majeur et leur solution - dont l'approche devrait être originale - s'inscrit dans une croissance forte de secteurs nouveaux, comme les nouvelles technologies et les nouveaux métiers. Ce qui impliquerait, sinon une révision des conceptions du développement, du moins une réadaptation de la réflexion économique aux nouveaux enjeux. Le F.M.I. souligne qu'une telle exigence devrait être fondée sur un développement nécessaire de secteurs non agricoles. Les industries de service, les nouvelles technologies et l'informatique sont à cet égard évoquées.
Les dirigeants du Fonds monétaire international se sont félicités de la politique économique conduite depuis quelques années par le gouvernement. La conjugaison d'une bonne maîtrise du déficit budgétaire et du taux d'inflation, ont écarté de manière conséquente la menace de récession et le cercle vicieux générateur de crise. Ce que M. Abed, rappelant le cas d'autres pays, a qualifié pudiquement de «chaos» ! Pour lui, «la croissance est la seule réponse au chômage».Aux atouts internes, il ajoute la nécessité de mener à bien les négociations de libre-échange avec les États-Unis, les accords d'association avec l'Union européenne et la poursuite de la libéralisation et la réforme en cours du secteur financier qui offre une plate-forme inédite aux investisseurs extérieurs.
Au même chapitre des réformes, l'équipe du F.M.I se réjouit de la réforme plurielle engagée par S.M. le Roi Mohammed VI, notamment aux niveaux de la fiscalité, de la justice, du code du travail, de la fonction publique et de la Bourse. «La mission du F.M.I., affirme M. George Abed, a souligné l'importance de ces chantiers qui constituent à ses yeux des priorités, au même titre que la réforme tarifaire et celle de la fiscalité».La mise en œuvre du Conseil National de Mise à Niveau (CNMN) permettra à l'économie nationale, outre de mieux asseoir le relance, de doter le pays de structures idoines pour un meilleur ancrage dans la mondialisation. A cet égard, comme l'a souligné pour sa part Mohamed Dairi, le Maroc pourrait revenir sur le marché extérieur des capitaux avec des atouts, d'autant plus que la dette publique, autrefois élevée à quelque 22 millions de dollars avec seulement une réserve de 1 million de dollars, est aujourd'hui réduite à 14 millions de dollars avec 10 milliards de devises en stocks. Autant dire que la balance des paiements est à présent excédentaire, susceptible en tout cas de renforcer la capacité du pays à emprunter la voie des financements à des taux préférentiels.
La mise à niveau, engagée depuis quelque trois ans, est aujourd'hui tellement engagée qu'elle est le pilier central de la croissance. Tout s'y imbrique: la réforme de la fiscalité, du secteur financier, de la justice, de la douane, l'adoption d'un nouveau code du travail, l'assistance aux entreprises !Ces chantiers, lancés et confortés par une situation financière peu ou prou assainie, font dire aux experts du Fonds monétaire international que «depuis 1993, le Maroc est sorti du cycle des rééchelonnements et n'a plus eu recours aux ressources du F.M.I qui ont été totalement remboursées en février 1997 «.Le constat, officiel et estampillé F.M.I, n'a plus besoin de commentaire et la mission de consultation qui vient de quitter le Royaume, tout à sa rectitude, apporte du bémol.
jeudi 19 juillet 2007
Stimulant satisfecit du FMI à l'économie marocaine
Catégorie : Economie du Maroc, la mise a niveau de l'économie du Maroc
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire