jeudi 19 juillet 2007

Quelques administrations flirtent même avec les méthodes du privé.

Quelques administrations flirtent même avec les méthodes du privé. Exemple: le ministère du Tourisme, piloté par un novice en politique, Adil Douiri, l'énergique cofondateur de la première banque d'affaires marocaine, CFG Group. «Nous avons mis en place 33 groupes de travail transversaux, dont chacun est responsable du pilotage d'un chantier, raconte-t-il. Nous avons également constitué des équipes communes avec l'office du tourisme. L'une d'elles, par exemple, est chargée de démarcher les grands tour-opérateurs.» En ligne de mire: la mise sur les rails du plan Azur, dont l'objectif ambitieux est de porter à 10 millions - près de 5 fois plus qu'aujourd'hui - le nombre de touristes à l'horizon de 2010. Moyennant, notamment, la construction de six stations balnéaires, de Plage-Blanche, au sud, à Saïdia, à la frontière algérienne.

Sur le front de la corruption, véritable fléau dans lequel 93% des patrons chérifiens voient un frein au développement, quelques progrès, timides et fragiles, ont été enregistrés. «Même si les résultats ne sont pas encore tangibles, l'évolution de l'environnement économique a de bonnes chances de faire reculer la corruption dans les mois et les années qui viennent, juge Bachir Rachdi, président de l'association Transparency Maroc. Ainsi, plusieurs administrations, comme les ministères des Finances, de l'Equipement et de la Communication, ont mis en place des sites Internet destinés à rendre publics les appels d'offres et le suivi de leur exécution.»
Ces évolutions et ces changements, même à l'état d'esquisse, même balbutiants, n'en rendent que plus insupportable aux acteurs économiques l'incurie de la justice, lente, corrompue et inefficace. «C'est l'autre grand chantier urgent, après le Code du travail», martèle Karim Zaz, directeur général de Maroc Connect, filiale de Wanadoo. Le poids de la bureaucratie est aussi dans leur collimateur. Amine Kandil, qui a fait de l'entreprise familiale Charaf le n° 1 de la distribution d'engrais au Maroc, ne décolère pas contre l'Office d'exploitation des ports (Odep), l'organisme qui détient le monopole de la manutention. «Nous investissons dans des unités mobiles d'ensachage dont l'Odep nous refuse, brutalement et arbitrairement, la mise en service. Ces pratiques sont un frein à la compétitivité des entreprises et du pays!» Le signe, aussi, que les archaïsmes ont la vie dure. «La caste des administrations et des offices n'a qu'une ambition, s'emporte Amine Kandil: préserver ses avantages acquis afin que ses enfants en bénéficient à leur tour et que le système perdure.»

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