jeudi 19 juillet 2007

Le gouvernement a misé sur la grande hydraulique

Le gouvernement a misé sur la grande hydraulique – une soixantaine de barrages régularisent 9,5 milliards de mètres cubes – et a confié aux offices régionaux de mise en valeur agricole l’équipement de neuf périmètres irrigués et l’encadrement des agriculteurs. Deux sont situés en région aride et semi-aride: Tafilelt et Draa; les autres appartiennent aux régions à régime pluviométrique plus favorable. Les périmètres – équipés de grande hydraulique – du Tadla (environ 100 000 ha), du Rharb (80 000 ha), de basse Moulouya (65 000 ha) et des Doukkala (60 000 ha) sont les plus étendus. Comme la petite et la moyenne hydraulique fournissent un apport complémentaire d’environ 120 000 hectares, le Maroc a possédé, au début des années 1990, un patrimoine imposant d’environ 850 000 hectares irrigués.
La grande hydraulique a démontré, sur le plan technique, un savoir-faire remarquable dont témoignent les barrages-réservoirs, les damiers réguliers des périmètres et l’ordonnance des paysages. Pourtant, le coût exorbitant des aménagements – 70 p. 100 des investissements publics agricoles – et des charges, comme le système d’incitation à la modernisation (subventions aux intrants, crédit, mesures fiscales, etc.), socialement très sélectif, ont remis en question le bien-fondé de la stratégie de développement. Parmi les principaux griefs, on retient le contrôle renforcé de l’État (du technicien) sur les zones riches et la déresponsabilisation du fellah, la dépossession des petits agriculteurs au profit des «gros», progrès technique et injustice sociale allant de pair. La participation effective des usagers, la revitalisation des structures paysannes intermédiaires et un nouveau statut social pour le fellah requièrent une «nouvelle donne hydraulique».

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